Il a fallu que le Président de la République fasse une allocution directe et solennelle à la nation pour que les esprits se calment un tant soit peu, dans le sens où il a tenu des propos qui prennent en compte les considérations politiques et juridiques.
Après plusieurs jours et des retours épisodiques marqués par des palabres et des débats stériles à travers les médias, les réseaux sociaux et, plus récemment encore, entre les députés au sein de l’Assemblée des représentants du peuple, à propos de ce qui est appelé, «projet de loi criminalisant la normalisation avec l’entité sioniste », les choses semblent rentrer, enfin, dans l’ordre.
En effet, il a fallu que le Président de la République fasse une allocution directe et solennelle à la nation pour que les esprits se calment, un tant soit peu, dans le sens où il a tenu des propos qui prennent en compte les considérations politiques et juridiques.
« Notre guerre est une guerre de libération et non de criminalisation », a précisé, haut et fort, le Chef de l’Etat, dont l’intervention est venue à point nommé pour mettre un terme à des débats que les observateurs qualifient de stériles tout en rappelant l’ambiance et les scénarios prévalant tout au long de la décennie noire.
Ainsi, il est utile de se remémorer les origines et le contexte de ce projet de loi, dont la première texture remonte au 22 novembre 2012, du temps de la défunte Assemblée nationale constituante (ANC), lorsque 36 députés conduits par Abderraouf Ayadi du CPR et soutenus par les Islamistes d’Ennahdha avaient proposé un projet de loi pour criminaliser toute normalisation avec l’entité sioniste.
Un retour avec grande insistance
Le même projet de loi stipulait ce qui suit : « six ans de prison ferme au minimum sont requis contre toute forme de normalisation ou relation, qu’elle soit politique, économique, financière ou culturelle » en plus de la privation des droits civiques de ces « criminels » en leur retirant le droit de vote et le droit de se présenter aux élections nationales et locales».
Or, après un certain nombre de tentatives de remettre le même projet de loi sur le tapis, un retour avec grande insistance, a vu le jour après l’agression israélienne contre Gaza.
Mais après quelques réunions au sein des commissions dont celle des droits et des libertés et des séances plénières, le débat a pris des tournures houleuses, voire hystériques, ponctuées de scènes affligeantes d’accusations et contre-accusations entre les députés.
D’ailleurs, l’ambiance tournait parfois à une sorte de « rébellion ».
A titre d’exemples significatifs, d’un côté, la députée, Fatma Mseddi, dans une déclaration faite à une radio de la place, a assuré que « des parties ont profité de la naïveté » mais aussi de l’élan de soutien qu’ont les députés envers la cause palestinienne pour faire passer quelque chose de dangereux ».
Effectivement, suite au forcing et à la pression exercés par certains groupes connus pour leur « panarabisme poussé », des séances plénières ont eu lieu dans la précipitation et dans un climat de confusion inexpliquée.
Plus encore, deux articles ont même été votés sans savoir s’il y avait quorum ou non !
Accusations et esprits surchauffés
Toutefois, d’un autre côté, le président du bloc parlementaire « La ligne nationale souveraine », Youssef Tarchoun, a affirmé, dans une déclaration à l’agence Arab World Press (AWP), que « les députés tenaient à faire adopter cette proposition de loi en dépit des récents développements. »
Il est allé, suite à la non-reprise de la plénière vendredi, jusqu’à accuser le président du Parlement, Brahim Bouderbala, d’avoir enfreint le règlement intérieur de l’Assemblée des représentants du peuple tout en réclamant une date pour poursuivre l’examen du draft proposé.
«Les délibérations sur la loi ont commencé et il n’y a pas moyen de les perturber. Nous devons finaliser», a-t-il martelé, rejetant toute possibilité d’apporter des amendements au texte !
Face à ces polémiques sans fin, les propos du Président de la République sont venus calmer les esprits surchauffés surtout qu’ils sont empreints, à la fois, d’un esprit logique d’une vision stratégique et, bien entendu, d’argumentation juridique implacable.
Mais qu’à cela ne tienne. Le député Ahmed Saïdani n’a pas hésité à attaquer d’une manière virulente, le président de l’ARP, Brahim Bouderbala « qui a réussi à se vendre sans le savoir comme étant l’oiseau rare des intérêts étrangers et l’homme des États-Unis en Tunisie», selon ses propres termes.
En tout état de cause et abstraction faite des arguments des uns et des autres, l’évidence veut qu’on ne débatte pas d’un fait qui n’existe même pas et qu’on ne criminalise pas un forfait lié à une entité que notre pays ne reconnaît pas du tout.
D’ailleurs, le pays n’a nullement besoin d’autres sujets susceptibles de créer de nouvelles discordes et autres divisions, surtout par les temps qui courent…